Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Twitter est une fable sur les États-Unis

J’étais bien naïf lorsque, en 2008, j’ai créé mon premier compte Twitter. À l’époque, j’en avais entendu parler via un blog américain. Puis, en 2009, je me souviens très bien avoir vu une de mes premières vidéos TED qui montrait une intervention d’un gars nommé Clay Shirky. Il expliquait que Twitter était un formidable outil pour combattre les régimes autoritaires comme la Chine. À l’époque, cette présentation m’avait enthousiasmé. 13 ans plus tard, je me rends compte que j’étais un enfant bien naïf. Finalement, l’histoire de Twitter est une fable qui décrit tous les travers des États-Unis.

  1. Début de la fable : les USA sont le pays du rêve, où tout le monde peut réussir à partir de rien. Regardez Jack Dorsey et Evan Williams qui ont créé Twitter !
  2. Petit oiseau superhéros (étape Clay Shirky) : l’Amérique produit des startups qui portent haut et fort nos valeurs de démocrates : Twitter va libérer le monde de toutes les dictatures et de tous les problèmes.
  3. Petit oiseau cache la poussière sous son nid : tiens, en fait on a oublié qu’on avait des choses pas géniales chez nous. Mais ce n’est pas grave, on est les meilleurs et on peut expliquer au reste du monde ce qui est bon ou pas.
  4. Petit oiseau est en réalité Dark Vador : finalement on trouve qu’une dictature ce ne serait pas si mal chez nous. Je vais donner une liberté totale de parole aux personnes qui sont d’accord avec moi.
  5. Petit oiseau découvre que l’argent est roi : je suis un milliardaire et je vais m’offrir la liberté de la presse.

Et puis à la fin, petit oiseau pète les plombs, va s’acheter un fusil semi-automatique et va essayer de renverser la démocratie. Je vous dis, Twitter est une satire de l’Amérique moderne.

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C’est un TGV ! Non c’est un TER !

La semaine dernière, j’ai été témoin d’un bel exemple de conflit inutile dans le train. Une personne était assise dans le train. Une autre personne est arrivée et a demandé à la première de lui céder sa place. La personne refuse « c’est un TER, on peut s’asseoir où on veut ! » La deuxième personne lui répond « non, c’est un TGV, les places sont attribuées ! »

Les deux personnes avaient raison ; le train en question est à la fois un TGV et un TER. Pour les personnes qui vont jusqu’à Paris, la SNCF vend des billets de TGV avec des places attribuées. Pour les personnes qui descendent avant Paris, la SNCF vend des billets de TER avec placement libre. D’où la confusion.

Au final, les deux personnes sont restées sur leur position, sans comprendre qu’elles avaient toutes les deux raison. Mais cela peut nous amener à nous poser la question suivante : combien de fois sommes-nous persuadés d’avoir raison et que l’autre personne a tort, alors que peut-être nous avons tous les deux raison ? Sans prendre un peu de temps pour comprendre la position de l’autre personne, c’est impossible de le savoir.

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Un moment pour apprécier ce qu’on a

Cette semaine, je n’ai pas envie de parler de l’autre zozo et de son acquisition de Twitter (ou non-acquisition, personne ne sait vraiment très bien, même pas lui). Pas non plus envie de parler de politique et des élections législatives. Pas non plus envie de parler de Mac. Alors je partage avec vous une photo du lilas au fond de mon jardin, qui n’a jamais été aussi fleuri et aussi beau.

Lilas

Et non, cet article n’est pas un projet de pub pour les saucisses Herta et la glorification des choses simples.

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Bonjour Mastodon.social

Et voilà, j’ai quitté Twitter. Des regrets ? Un peu, car il y avait des personnes avec qui j’aimais bien discuter. Mais je suis plutôt content de ne plus avoir à subir l’algorithme de mise en avant de tweets sponsorisés ou « qui pourraient m’intéresser ».

Vous pourrez désormais échanger avec moi sur Mastodon. Mon nom d’utilisateur est @pmorsa@mastodon.social - Il ne s’y passe pas grand chose, c’est vrai. Mais après tout, j’ai toujours préféré les grands espaces à la foule des villes. Pour la partie professionnelle, je suis toujours sur LinkedIn.

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Au revoir Twitter

Vous le savez probablement déjà, Elon Musk a acheté le réseau social Twitter pour « y rétablir la liberté d’expression ». Mon problème, c’est qu’Elon Musk ne défend pas la liberté d’expression, il défend la prise de contrôle de fait de Twitter par la kakistocratie. La kakistocratie, c’est le pouvoir donné aux pires personnes, celles qui n’ont aucun scrupule ni aucune morale.

Pour comprendre cela, il faut bien comprendre la distinction entre le concept de « liberté d’expression » et celui de « liberté d’expression absolue » défendu par Musk.

Le concept de liberté d’expression a exactement les mêmes limites que le concept général de liberté : la liberté d’expression des uns s’arrête là où elle commence à nuire aux autres. Cette définition est simple, mais clarifie tout :

  • L’incitation à la haine est en dehors de la liberté d’expression puisqu’elle nuit aux personnes visées par la haine.
  • La désinformation, par exemple sur les résultats électoraux aux États-Unis, est en dehors de la liberté d’expression puisqu’elle nuit aux principes fondateurs du système démocratique.
  • Les attaques personnelles gratuites (par exemple « pedo guy ») ne sont pas de la liberté d’expression puisqu’elles nuisent à la personne visée.

Le concept de liberté d’expression absolue s’affranchit de toute limite : peu importe les torts causés aux autres, tant que l’on peut dire ce qu’on veut. Dans le concept plus général de liberté, cela revient à défendre l’équivalent de l’anarchie. Dans ces conditions, les personnes qui parviennent au pouvoir sont les plus brutales, celles qui n’ont ni scrupules ni morale. C’est l’émergence de la kakistocratie et l’effondrement de la démocratie.

De manière générale, toute zone complètement dérégulée (anarchique) mène à la prise de pouvoir (politique, économique ou autre) par les personnes qui n’ont ni scrupules ni morale. C’est également la base du totalitarisme. Évidemment, une fois en place, la kakistocratie redécouvre subitement le concept de limite de liberté d’expression pour faire taire leurs critiques.

Elon a gagné le round 1 : il pense qu’il va pouvoir faire ce qu’il veut et imposer sa conception de la liberté d’expression absolue. À mon avis, rien ne va se passer comme il l’imagine. De mon côté, je ne serai pas là pour regarder le désastre, car j’aurai quitté Twitter.

Adieu petit oiseau bleu. J’ai compris que tu n’étais pas un outil pour libérer les peuples et faire émerger la vérité, mais juste un stupide volatile irresponsable.

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