La cote d’amour d’Apple n’est plus aussi élevée qu’avant. Moi-même, je me surprends à accueillir avec une relative indifférence les annonces de nouvelles machines.

Pourtant à part le départ de Steve Jobs, rien n’a changé. Le marketing Apple est toujours le même : l’utilisation de personnages célèbres, de textes légèrement pompeux ne date pas d’hier. Les prix élitistes, voire délirants, sont une tradition ; quelle gamme Mac démarrait à 5500 Dollars ? Le Mac II en 1987. Les prises de décision comme retirer la sortie casque ou passer au tout USB C sont une vieille habitude. Et les Mac ont toujours eu, à prix égal, des performances brutes moins élevées qu’un PC équivalent. Et qu’on ne vienne pas me dire que la qualité Apple a baissé. Mon Apple //c est tombé deux fois en panne (OK, je suis coupable pour une des pannes), mon Mac SE 2 fois également, et mon G4 Cube avait un disque dur si bruyant que le silence promis par l’absence de ventilateur était inaudible ! Et à l’époque, la machine partait en service après-vente pour 2 mois (!) avant de revenir avec une facture délirante.

Mais alors, si tout est pareil, si Apple n’a pas changé, pourquoi est-ce que la recette ne fonctionne plus aussi bien qu’avant ? Pourquoi tant de grogne partout sur internet ?

Alors, c’est que quelque chose d’autre est cassé. Mais quoi ? C’est la vision. Autrement dit la capacité d’imposer la direction à suivre à l’industrie High Tech. Si on y repense, Apple n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle montre la voie : avec l’Apple ][, avec le Mac, avec l’iPod, l’iPhone, même l’iPad et l’Apple Watch. Et jamais aussi faible que lorsqu’elle n’a pas de vision claire. Le seul produit qui fait un peu exception à cette règle, à mon humble avis, est le Newton : excellente vision (si, si !), mais trop peu réaliste par rapport aux possibilités technologiques de l’époque.

Une entreprise comme Tesla a une vision forte de l’avenir, alors que l’Apple de début 2017 ne propose rien de bien concret. Même Microsoft, avec Satya Nadella, a réussi à proposer une vision claire, ce qui manquait sous l’ère Ballmer.

Sans cette vision, difficile de savoir dans quelle direction innover. Sans cette vision, difficile de justifier des marges élevées pour des produits peu différents des concurrents. Sans cette vision, difficile d’attirer les esprits les plus brillants. Et donc difficile de concevoir les meilleurs produits, ce qui reste le cœur de métier d’Apple.