Alors comme ça Microsoft va mettre fin au ruban d’Office. Le ruban, c’est cette série d’icônes au-dessus de la fenêtre des applications comme Word, Excel ou PowerPoint. À la place, Microsoft souhaite utiliser une interface qui affiche les commandes en fonction du contexte et de l’intention. Une interface « intelligente » capable de s’adapter en fonction des actions que l’utilisateur souhaite faire.

Ben, personnellement, j’aime les interfaces bêtes. Au-delà de l’adaptation à un contexte évident (afficher des commandes pour mettre un texte en gras lorsqu’on sélectionne du texte par exemple), les utilisateurs n’ont pas besoin d’une interface intelligente, qui soi-disant s’adapte en fonction de ce qu’ils souhaitent faire. Mon ressenti est que, en dehors de choses évidentes, ces interfaces pseudo-intelligentes rendent l’utilisation d’une application plus difficile. Les utilisateurs ne trouvent tout simplement pas les commandes car elles sont cachées la plupart du temps. L’application prend des décisions arbitraires pénibles, comme replier systématiquement les panneaux avec les commandes, forçant l’utilisateur à faire des clics supplémentaires pour y accéder.

Les interfaces intelligentes sont un concept convaincant sur papier. Dans les faits, beaucoup moins. Ce dont les utilisateurs ont vraiment besoin dans une interface, c’est de la constance et de la cohérence. Pas de fonctionnalités cachées, toutes les fonctions sont visibles. Pas de chemins compliqués pour y accéder, tout est accessible depuis un panneau ou un menu. Pas de pseudo-intelligence qui ne fait que ralentir les choses, c’est l’utilisateur qui choisit les panneaux de commande qu’il veut afficher.

Une application qui l’a bien compris est Affinity Designer sur Mac. Elle n’essaie pas d’être plus intelligente que vous ; elle n’y arrivera jamais, car il lui manquera toujours des éléments pour réellement comprendre ce que vous voulez faire. Elle offre des panneaux regroupant toutes les commandes, qui sont évidentes à découvrir et à utiliser puisqu’elles ne sont pas cachées, tout au plus désactivées si elles ne peuvent s’appliquer à l’objet sélectionné.

Je sais qu’on m’opposera à cela deux problèmes bien réels : la confusion apportée par un trop grand nombre de commandes d’un côté, et le manque de place sur les écrans. Mais pour résoudre ce problème, il suffit d’organiser les icônes en mettant les commandes les plus évidentes et les plus utilisées au-dessus ; c’est tout bête, mais très efficace. Les personnes qui ne savent pas à quoi servent les autres icônes vont simplement les ignorer. Si le nombre de commandes est trop important pour la taille de l’écran, il suffit de faire défiler la palette pour afficher les commandes supplémentaires.

Le ruban n’est pas parfait ; il a aussi sa part d’intelligence idiote, de l’idiolligence, dans l’organisation des commandes ou lorsqu’il décide tout seul de sauter à un autre onglet. Personnellement, je préfère les panneaux de commande à la Affinity Designer ou Final Cut Pro (ou ceux à la Apple Keynote à l’époque où l’interface n’avait pas subi un croisement forcé avec l’iPad). Mais à mon sens, le remplacer par une interface qui cache toutes les commandes la plupart du temps et qui essaie de « comprendre » ce que vous voulez faire n’est pas la solution.