Vous le savez probablement déjà, Elon Musk a acheté le réseau social Twitter pour « y rétablir la liberté d’expression ». Mon problème, c’est qu’Elon Musk ne défend pas la liberté d’expression, il défend la prise de contrôle de fait de Twitter par la kakistocratie. La kakistocratie, c’est le pouvoir donné aux pires personnes, celles qui n’ont aucun scrupule ni aucune morale.

Pour comprendre cela, il faut bien comprendre la distinction entre le concept de « liberté d’expression » et celui de « liberté d’expression absolue » défendu par Musk.

Le concept de liberté d’expression a exactement les mêmes limites que le concept général de liberté : la liberté d’expression des uns s’arrête là où elle commence à nuire aux autres. Cette définition est simple, mais clarifie tout :

  • L’incitation à la haine est en dehors de la liberté d’expression puisqu’elle nuit aux personnes visées par la haine.
  • La désinformation, par exemple sur les résultats électoraux aux États-Unis, est en dehors de la liberté d’expression puisqu’elle nuit aux principes fondateurs du système démocratique.
  • Les attaques personnelles gratuites (par exemple « pedo guy ») ne sont pas de la liberté d’expression puisqu’elles nuisent à la personne visée.

Le concept de liberté d’expression absolue s’affranchit de toute limite : peu importe les torts causés aux autres, tant que l’on peut dire ce qu’on veut. Dans le concept plus général de liberté, cela revient à défendre l’équivalent de l’anarchie. Dans ces conditions, les personnes qui parviennent au pouvoir sont les plus brutales, celles qui n’ont ni scrupules ni morale. C’est l’émergence de la kakistocratie et l’effondrement de la démocratie.

De manière générale, toute zone complètement dérégulée (anarchique) mène à la prise de pouvoir (politique, économique ou autre) par les personnes qui n’ont ni scrupules ni morale. C’est également la base du totalitarisme. Évidemment, une fois en place, la kakistocratie redécouvre subitement le concept de limite de liberté d’expression pour faire taire leurs critiques.

Elon a gagné le round 1 : il pense qu’il va pouvoir faire ce qu’il veut et imposer sa conception de la liberté d’expression absolue. À mon avis, rien ne va se passer comme il l’imagine. De mon côté, je ne serai pas là pour regarder le désastre, car j’aurai quitté Twitter.

Adieu petit oiseau bleu. J’ai compris que tu n’étais pas un outil pour libérer les peuples et faire émerger la vérité, mais juste un stupide volatile irresponsable.