Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Suivre les engagements de la COP28 ? Quels engagements ?

Mon projet howitisgoing vérifie si certaines entreprises et personnalités tiennent les promesses qu’elles font. Par exemple, je regarde si Apple va tenir sa promesse d’atteindre zéro émission carbone en 2030.

J’aurais bien aimé ajouter une entrée à mon projet howitisgoing pour la déclaration finale de la COP28. Mais je ne peux pas. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun objectif concret à suivre.

D’après la citation non traduite reprise du site The Guardian : to transition “away from fossil fuels in energy systems in a just, orderly and equitable manner, accelerating action in this critical decade, so as to achieve net zero by 2050 in keeping with the science.

Reprenons chaque morceau :

  • « Faire une transition pour s’éloigner (et non abandonner) des carburants fossiles dans les systèmes énergétiques d’une manière juste, ordonnée et équitable. » Il n’y a, dans cette déclaration, aucun objectif réellement mesurable. Réduire de 5 % les carburants fossiles suffit à s’en éloigner.
  • « Pour atteindre le net zéro en 2050 en accord avec la science. » Il y a bien cet objectif du net zéro en 2050. En étant candide et en imaginant que ce soit un vrai net zéro et non un net zéro uniquement comptable, on est en 2023. Les signataires se laissent donc 27 ans pour atteindre l’objectif fixé, alors qu’il sera déjà trop tard. Pourquoi 27 ans ? Parce que d’ici là, tout le monde aura oublié la COP28. Qui se souvient aujourd’hui des objectifs des accords de Paris ? Pratiquement personne.

Est-ce que vous connaissez une seule entreprise qui fixe des objectifs financiers à 2050 sans fixer aucun plan à court terme ? Non, moi non plus. Si un dirigeant d’entreprise faisait cela, tout le monde lui rirait au nez et il serait considéré comme le roi des incompétents, et ce à juste titre. Parce que un plan à 27 ans sans objectifs intermédiaires, cela n’a aucun sens. Enfin, si, cela fait parfaitement sens, si l’objectif est de ne rien faire. Mission accomplie pour la COP28, il ne se passera rien.

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On ne certifie pas le faux, on certifie le vrai

Il y a de nombreux appels aujourd’hui pour mettre en place un système obligatoire pour reconnaître ce qui a été généré par une IA (intelligence artificielle), que ce soit du texte, des images ou autres choses.

À mon sens, créer un système qui vérifie ce qui a été généré par une IA est peine perdue, et c’est déjà trop tard ; de nombreuses solutions en circulation libre peuvent s’affranchir et s’affranchiront des systèmes de contrôle.

À la base, il y a une erreur d’approche. On ne certifie pas le faux, cela n’a pas de sens. On certifie le vrai. On ne demande pas aux faussaires de certifier que leurs billets sont faux ; on invente des systèmes pour certifier qu’un billet est vrai. Et c’est la même chose pour les œuvres d’art, la littérature, les photos ou les films. Pour limiter les dégâts de l’intelligence artificielle, il faut une solution qui certifie l’authenticité de l’œuvre.

Pour prendre un exemple concret, un système d’authentification du vrai est faisable par les fabricants de smartphones. Par son contrôle matériel et logiciel, Apple pourrait fournir une solution certifiant qu’une photo a bien été prise par un iPhone, résolvant ainsi une partie du problème du « fake ou pas fake ». Une modification de la photo comme un rognage ou un changement des couleurs pourrait garder un lien vers la photo originale pour en certifier l’authenticité. Un tel système aurait une très grande valeur, par exemple pour les journalistes.

Bien sûr, tout n’est pas aussi simple. Pour le texte, par exemple, la mise en place d’une solution de certification est bien plus difficile (voire impossible ?). Mais cela vaut la peine de se pencher sur ce concept. Et je suis convaincu que certifier le vrai est la bonne approche.

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Mon nouveau projet : How It Is Going

Depuis la semaine dernière, j’ai inauguré un nouveau projet sur mon site : How It Is Going. Derrière ce projet, il y a une idée assez simple : les entreprises aiment faire des promesses dans leurs communiqués de presse. J’ai décidé de les prendre au mot. How It Is Going va vérifier si les entreprises ont tenu les promesses faites dans leurs communiqués.

Les deux premiers articles de How It Is Going concernent deux entreprises très en vue : Apple et Tesla. Si vous voulez en savoir plus, visitez la rubrique How It Is Going.

Le nom « How It Is Going » vient d’un meme anglo-saxon : « How It Started, How It Is Going », autrement dit « comment ça a démarré, comment ça se passe ».

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Pourquoi je ne crois pas en Humane

Vous avez peut-être assisté à la démo du produit de Humane, ce petit boîtier qui va remplacer les smartphones. Je n’y crois pas, pour les raisons suivantes :

  1. L’historique de produits de startups « trop beaux pour être vrais ». La façon dont la démo de ce produit est réalisée me fait penser à Magic Leap, une autre entreprise qui promettait monts et merveilles pour finalement accoucher d’un produit médiocre. Il y a des trous dans la démo, et je doute que le produit réel fonctionne exactement comme montré.
  2. L’historique des produits sans écran : il existe déjà une flopée d’assistants personnels avec Alexa et OK Google. Ce n’est pas vraiment le succès escompté. Je ne parlerai même pas de Siri, l’idiot de la classe.
  3. Les smartphones on gagné. Ils sont indispensables, pas Humane.

Les smartphones ne sont pas indétrônables, mais ce ne sera pas par ce petit truc.

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Ne jouez jamais dans un casino

Récemment, j’ai lu cet article de Bloomberg sur un homme qui avait réussi à mettre au point une technique pour gagner à la roulette. Jusqu’à aujourd’hui, personne ne sait vraiment s’il trichait ou s’il avait mis au point une méthode sans artifices.

Mais le point le plus important à retenir de l’article, ce n’est pas ça. Ce qu’il faut retenir, c’est que si vous trouvez un moyen de gagner au casino, vous serez traités comme un criminel. Les casinos vous mettront sur une liste noire. Ils n’hésiteront pas à vous interroger en utilisant des techniques illégales. Et si vous croyez que la loi sera de votre côté, oubliez : l’État protège également les intérêts des casinos. N’oubliez jamais que l’État est le premier à profiter des joueurs.

Ce n’est pas le seul cas où les gagnants sont traités comme des criminels. Deux hommes qui avaient trouvé un moyen de gagner sur une machine à sous se sont fait condamner. Un statisticien qui avait trouvé un défaut dans la façon dont certains jeux à gratter étaient générés s’est fait questionner longuement.

Les personnes que vous voyez jouer dans les casinos sont tous des losers. Tous, sans exception. Les rares gagnants ne peuvent pas y entrer.

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