Vous avez sûrement entendu parler de la taxe Google News mise en place par nos gouvernements européens. L’idée est de faire payer Google à chaque fois qu’ils publient un très court extrait d’un article de presse. C’est pas con, pourquoi se contenter du beurre quand on peut se faire payer par la crémière pour prendre le beurre ?

Ce que je veux mettre en avant aujourd’hui, à travers cet exemple, est qu’il ne s’agit pas du tout de faire payer Google pour une quelconque concurrence déloyale. Il s’agit d’un détournement systématique des moyens législatifs de nos États au profit de quelques-uns.

Pour comprendre qui se cache derrière la taxe Google News, il suffit d’aller voir l’infographie suivante, réalisée par le Monde Diplomatique (cliquez sur le lien).

Je ne reviendrai pas sur les raisons de la situation actuelle, mais les faits sont là : aujourd’hui, tous les grands médias sont contrôlés soit par un État, soit par de grandes fortunes. Ce sont eux qui bénéficieront principalement de la taxe Google News si elle devient réellement applicable. Pour l’instant ce n’est pas le cas puisque Google a cessé d’afficher les extraits pour ne pas payer la taxe.

Ce n’est pas la première fois que nos dirigeants prennent de telles mesures. Ainsi la taxe sur la copie privée n’est-elle rien d’autre qu’un détournement des mécanismes de l’État au service des intérêts privés. Vous n’avez qu’à regarder comment sont redistribués les bénéfices de la taxe pour la copie privée : ils ne vont que dans les poches des plus grands groupes, pratiquement rien n’est reversé aux artistes ou aux petits acteurs.

Si nos gouvernements voulaient réellement contrer Google, ils pourraient le faire, comme ils l’ont fait avec Microsoft dans les années 2000, en bloquant ses pratiques monopolistiques. Par exemple, comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, en l’empêchant de forcer artificiellement les utilisateurs à installer Chrome pour accéder à ses services. En l’empêchant de mettre en avant ses propres services au détriment de ses concurrents dans les résultats de recherche. En l’obligeant à laisser le libre choix, de manière simple et non forcée, des fournisseurs de services sur Android. En lui interdisant de pister les internautes sur tous les sites qu’ils visitent.

Mais la vérité, c’est que l’hégémonie de Google arrange bien les groupes de presse. Google est en effet une des sources majeures de trafic entrant pour tous les sites des grands médias. Ils sont optimisés pour avoir le meilleur référencement possible dans le moteur de recherche.

Et non seulement cette hégémonie les arrange bien, mais ils en sont complices. Ils aident Google à pister vos visites sur leurs sites web. Ils utilisent la régie publicitaire de Google pour gagner de l’argent.

Et non seulement ils en sont complices, mais ils souhaitent que ce monopole continue, à une seule condition : que ce monopole leur offre une rente à vie.

La taxe Google News est, encore une fois, un savant mélange d’incompétence et de détournement sans honte des pouvoirs publics au profit des intérêts de quelques-uns. Comme pour la taxe sur la copie privée, il est pratiquement certain que les petits groupes et les indépendants ne verront jamais un centime des revenus de cette taxe. J’espère au moins que les personnes de notre gouvernement qui défendent ce pillage organisé ne croient pas réellement accomplir quelque chose d’utile pour les citoyens.