Imaginez si Nelson Mandela avait basé sa politique sur les sondages. En voyant les résultats, il se serait dit « Une grande majorité des gens qui peuvent voter sont en faveur de l’apartheid. Je vais donc reprendre l’apartheid dans mon programme pour attirer ces électeurs ». Bien sûr, cela aurait été une idiotie, un non-sens, une absurdité totale, et surtout cela n’aurait eu aucune chance de fonctionner.

Et bien, pourtant, c’est ce que fait notre gouvernement actuel. Il adopte les idées nauséabondes de l’extrême droite, le tout sécuritaire, la répression au lieu de la discussion, la discrimination selon la religion ou l’origine. Prenons l’exemple de l’islamisme. C’est un problème réel, mais il est agité comme s’il était le danger ultime menaçant la France. La France, elle a bien d’autres problèmes, bien plus dangereux, mais moins vendeurs : le fossé entre pauvres et riches, la perte des libertés individuelles, le refus de regarder la réalité sur la drogue.

Se faisant, le gouvernement ne gagne pas d’électeurs. Aucun électeur du Rassemblement Front National ne votera pour Emmanuel Macron. Sur un programme 100 % sécuritaire, les électeurs des Républicains voteront également pour le Rassemblement Front National. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est leur terrain de jeu. C’est là où ils sont les plus forts. Le fantasme d’une France pure, le rejet de tous les problèmes sur un bouc émissaire, c’est leur fonds de commerce. Emmanuel Macron ne gagnera jamais sur ce terrain. De fait, aujourd’hui il a déjà perdu. Il a, de lui-même, ouvert la porte à l’élection de l’extrême droite en 2022.

Est-il encore possible de faire quelque chose pour l’éviter ? Je n’en sais rien. Mais il faut dès à présent se préparer au pire : une société avec comme valeur centrale la haine de l’autre, une société dans laquelle les minorités seront attaquées sans peur de représailles. Une société dans laquelle les pires ordures pourront s’épanouir.

Il est temps aujourd’hui de préparer le plan B.