« Nous allons reprendre le contrôle de nos frontières. »

C’est en essence l’argument de vente principal du Brexit.

Le problème, c’est que les frontières, c’est comme les pièces de monnaie : on ne peut pas avoir le côté pile sans le côté face. Autrement dit, si on a une frontière, cela implique d’office qu’il existe une frontière étrangère de l’autre côté… qu’on ne peut pas contrôler, puisqu’elle ne nous appartient pas.

Les Anglais peuvent contrôler (enfin, essayer de contrôler, ça n’a pas l’air si facile) ce qui rentre chez eux, mais oh surprise, ils ne peuvent pas contrôler ce que les autres pays acceptent d’envoyer chez eux. Si on veut garder tout le champagne pour nous, ben, ils ne peuvent rien y faire. Boris peut pleurnicher tant qu’il veut, il ne contrôle pas vraiment tout.

Dans l’autre sens, ils peuvent contrôler ce qu’ils font sortir de leur pays, mais si personne ne veut de sauce à la menthe (et ne nous mentons pas, personne n’en veut), ben pas de chance, la sauce à la menthe elle reste chez eux. Ou si les autres pays mettent une taxe de 100 % sur la sauce à la menthe (taxe minimum pour compenser les dégâts sur les papilles gustatives) ben pas de chance, Boris il peut rien y faire.

Le thé est un produit étranger. Le curry est un produit étranger. Le vin est un produit étranger. Tous les appareils électroniques sont des produits étrangers. Ce que veut le Royaume-Uni (uni, mais pour combien de temps encore ?), c’est vivre le fantasme qu’on peut avoir le beurre et l’argent du beurre, faire rentrer et sortir ce qu’il veut sans les contraintes de la frontière de l’autre côté. Ce n’est pas comme ça que ça marche.