Dans la partie I, nous avons abordé l’arrangement d’un bureau improvisé et que Sun Tzu ne servait pas à grand-chose en confinement. Dans la partie II, nous avons découvert que le mindset était l’élément le plus important pour réussir en télétravail, et que Miyamoto Musashi n’était pas une flèche. Nous arrivons donc maintenant à la partie IV. Et aujourd’hui, nous aborder un sujet essentiel, un sujet qui fâche : l’effet juste un doigt.

Souvenez-vous. C’était en mars 1994, 3 ans après la première guerre du Golfe. Le monde se remettait difficilement de toute cette violence. Vous pensiez que le pire était derrière vous, que désormais rien de pire ne pouvait arriver. Et c’est à ce moment que le film le plus terrifiant de l’histoire de l’humanité fut révélé. La cité de la peur. Rien qu’à y repenser, vous avez encore des frissons et vous pleurez encore de rire en cachette.

Pourquoi évoquer ces souvenirs pénibles ? Parce que c’est nécessaire. La scène qui nous intéresse est celle où Patrick propose un whisky à Odile. Elle répond « oui, juste un doigt ». Et Patrick lui demande « vous ne voulez pas un whisky d’abord ? » Dramatique. Terrifiant. Cette scène résume à elle seule toute l’horreur du télétravail : le risque de catastrophe en cas de mauvaise communication.

Sans communication claire, tout peut partir en vrille à chaque instant. Chaque email peut déclencher un conflit politique à côté duquel la guerre froide aurait l’air d’une partie de morpion. Malgré l’utilisation de Slack, vous avez l’impression que vos collègues sont perdus quelque part dans la jungle sans moyen de vous contacter. Le control freak frustré du coin passe son temps à vous harceler toutes les cinq minutes pour s’assurer que vous travaillez bien sur son dossier. Votre tentative de blague pour détendre l’atmosphère ne fait qu’empirer les choses.

C’est comme dans les mauvais films comiques (attention, je ne dis pas que la cité de la peur est un mauvais film, je ne dis pas non plus que c’est un film comique). Vous dites un truc que vous croyez être clair, mais que votre interlocuteur comprend tout de travers. C’est l’incompréhension. Peu à peu, chacun se forge la certitude que l’autre est un con, alors qu’on sait tous que c’est l’autre le con, pas nous évidemment. Communiquer en télétravail comme on communique en situation normale ne marche pas.

Alors, que faire ? Si vous avez un document à produire, informez vos collègues de l’avancement régulièrement. Il vaut mieux informer trop souvent que trop peu. Pour les control freaks, détendez-vous. Si vous avez donné un résultat à atteindre clair avec une date, il suffit de faire un point de temps en temps, mais pas trop souvent, pour s’assurer que ça avance. Pour les susceptibles, pareil, détendez-vous, ne prenez pas les choses de manière littérale, pas besoin de se vexer pour la moindre phrase qui vous déplaît. Privilégiez aussi la communication asynchrone ; comme tout le monde n’a pas le même rythme, il est plus efficace d’utiliser des outils comme Slack que de vouloir bloquer tout le monde dans des réunions interminables en visio ou par téléphone. Finalement, bien communiquer en télétravail, ce n’est pas si difficile.