« C’est urgent ! critique ! bloquant ! »

Combien de fois avez-vous entendu ces mots sur un projet ? Sous pression, les équipes se dépêchent de réaliser la tâche urgente critique bloquante. Une fois la tâche terminée, elles peuvent un peu souffler. Eh bien non, car une fois terminée, une autre tâche urgente critique bloquante apparaît. Sur certains projets, les tâches urgentecritiquebloquantes ne sont pas l’exception, elles sont la norme. Elles sont érigées en piliers de la religion de l’urgence et du vite fait (mal fait).

S’ensuit une course effrénée et permanente qui finit par épuiser les équipes les plus endurantes et les personnes de bonne volonté. Pourtant, il y a une chose toute simple que l’on ne fait jamais sur ces projets : prendre le temps de regarder en arrière pour vérifier si c’était vraiment urgentcritiquebloquant. Malheur à celui qui ose relever la tête du guidon pour regarder d’où il vient et où il va. Il est tout de suite traité de fainéant.

Si jamais vous êtes confrontés à ce genre de situation, c’est pourtant la meilleure chose à faire : après un mois, après un an, reprenez les tâches qui étaient urgentecritiquebloquantes. Vous vous rendrez compte qu’il y en avait finalement bien peu qui l’étaient réellement, et pour beaucoup le résultat aurait été bien meilleur s’il avait été réalisé avec un peu plus de réflexion et de jugeote. Peut-être vous rendrez compte, aussi, que la personne qui se plaignait le plus est celle dont les tâches sont le plus en retard.

Bien sûr, il ne faut pas tomber dans le travers inverse, où l’on passe des mois à faire de la masturbation intellectuelle sans jamais rien réaliser. Mais entre les deux, il existe de bien meilleurs moyens de réaliser des projets.