Avez-vous peur de présenter devant un public ? Avez-vous cette sensation de trac incontrôlable, la boule qui monte dans la gorge, la respiration qui se bloque ? J’ai une bonne nouvelle pour vous : on peut y remédier et maîtriser sa peur ! C’est ce que je fais durant les séances de coaching avec mes clients, mais tout le monde n’a pas la possibilité de suivre un tel coaching. C’est pourquoi je vais partager avec vous dans cette série d’articles pourquoi nous avons peur de présenter en public et comment y remédier, que ce soit pour une présentation en entreprise, pour une soutenance en école, ou pour toute autre occasion.

Ne pas avoir peur ne signifie pas bien présenter… Et inversément !!!

Avant d’aller plus loin, une remarque très importante. Seuls les inconscients ne ressentent aucune peur à l’idée de présenter en public. Ce sont ces personnes qui sont très à l’aise sur scène, même trop à l’aise, mais font et racontent n’importe quoi. Ça peut être utile pour faire de la télé-réalité sur TF1 mais ce n’est pas l’objectif de cet article. Ne pas avoir peur de présenter parce qu’on est trop ignorant pour se rendre compte de son incompétence est encore pire que d’avoir peur. Un vrai bon présentateur combinera toujours connaissance du fond, connaissance des techniques de présentation et connaissance de soi. Les meilleurs présentateurs sont arrivés à une telle maîtrise de ces trois éléments qu’ils peuvent les appliquer automatiquement, de manière intuitive, sans devoir y penser, comme des athlètes bien entraînés.

Pourquoi avons-nous peur de présenter en public ?

Pourquoi ressentons-nous une peur tellement forte à l’idée de présenter face à un public ? Parce que la peur de présenter en public est liée à notre instinct de survie, et donc à la peur de mourir. Pourtant, et c’est encore une bonne nouvelle, nous n’allons pas mourir même si nous faisons la pire présentation du monde. Nous n’aurons même pas une égratignure. Sur l’échelle des dangers mortels présenter en public est moins dangereux que manger une frite, mais ! Mais attention, le risque de blessure est bien réel, pas pour notre corps, mais pour notre Ego. Là se situe toute la subtilité : notre peur n’est pas celle de la mort physique mais celle de la mort « symbolique » générée par notre Ego. Pourtant, notre ressenti et nos réactions vont être similaires. Pourquoi ? Parce que nous allons activer les mêmes mécanismes de défense face à un danger « symbolique » et face à un danger physique : nous défendre, fuir ou faire le mort.

Le problème, c’est que si ces réactions instinctives sont efficaces pour ne pas se faire manger par un prédateur, elles sont catastrophiques en situation de présentation. Le public n’a pas envie de voir quelqu’un les agresser par auto-défense, fuir de la scène ou carrément faire le mort ! Et surtout, tout part d’un malentendu. Le public n’est pas votre ennemi. Dans cette situation, votre véritable ennemi, c’est votre Ego.

En savoir plus sur notre Ego

Qu’est-ce que c’est que cet Ego à la noix qui s’amuse à nous terroriser ? Qui est-il pour se permettre comme ça de nous faire passer un si mauvais moment ? L’Ego, c’est l’image mentale que nous construisons de nous-mêmes, de qui nous croyons ou voudrions être sur base de nos valeurs et de nos expériences de vie. Par exemple la musique que nous aimons fait partie de notre Ego. Ou plutôt non, notre Ego s’est construit sur la musique que nous avons choisi consciemment ou inconsciemment d’aimer à un moment de notre vie. Mais au fil du temps, la relation que nous avons avec notre Ego change. Nous ne construisons plus notre Ego, c’est lui qui nous dicte notre conduite. Notre Ego fige l’image que nous avons de nous-mêmes. Nous devenons réellement incapables d’aimer le rock, le rap ou la musique classique parce que notre Ego refuse de changer (attention, le premier qui me dit que j’écoute de la musique de vieux con se prend une baffe ! Oh, tiens, c’est mon Ego qui me dicte ma conduite).

L’Ego va alors tout faire pour protéger l’intégrité de l’image que nous nous sommes construite de nous-mêmes. C’est normal, avoir un Ego solide est sain et indispensable. Mais en voulant se protéger l’Ego va déclencher nos mécanismes naturels de défense : se battre, fuir ou faire le mort, les mêmes réactions qu’en situation de danger physique.

Cela explique pourquoi notre peur est si forte lors d’une présentation. Notre Ego déploie de nombreux artifices pour protéger l’image qu’il se fait de lui-même. En effet, face au regard et au jugement du public, il se sent « nu », dans une situation de menace ultime ! Il est terrorisé à l’idée que l’image renvoyée par le public ne corresponde pas à l’image de nous-mêmes que nous nous sommes construite au fil du temps. Il déclenche alors le niveau d’alerte maximum, ce qui se traduit concrètement par un stress extrême, et une envie de se battre (le présentateur devient trop agressif), fuir (le présentateur marche et parle très rapidement, comme quelqu’un qui veut fuir la scène) ou faire le mort (le présentateur est mou, amorphe, sans conviction, sans intonation).

Deux autres raisons liées à notre instinct de survie poussent notre Ego à se protéger. La première est la peur de l’échec, un sentiment renforcé tout au long de notre vie par la stigmatisation de l’échec lors de notre apprentissage. La deuxième est la peur de l’inconnu qui va nous faire descendre dans le « terrier du lapin » comme disent les américains : notre cerveau va se mettre à imaginer tous les scénarios catastrophe possibles (est-ce que j’ai bien attaché mon pantalon, mon dieu que va penser mon patron si je rate, je vais avoir l’air ridicule sur scène, et cætera et cætera).

Aussi bizarre que cela puisse paraître, l’objectif de notre Ego étant de préserver l’image que nous nous faisons de nous-mêmes, il peut également nous empêcher de grandir et de nous améliorer ; c’est ce qui se passe lorsque les personnes qui ne se croient pas capables de s’améliorer se sabotent elles-mêmes. Pourtant une chose est certaine : quel que soit votre niveau actuel en présentation, vous pouvez vous améliorer !

Dans le meilleur des cas notre Ego aura eu le temps d’accumuler suffisamment d’images positives (sur notre capacité de présenter en public) avant de se figer ; c’est le cas des orateurs qui maîtrisent leur peur de présenter en public. À l’opposé dans le pire des cas l’image négative que nous avons intégrée dans notre Ego sera tellement figée qu’il nous sera impossible de la changer, et qu’elle déclenchera un mécanisme d’auto-sabotage à chaque fois que nous présentons.

Remettre ce petit con d’Ego à sa place

Voilà maintenant la vraie bonne nouvelle : pour maîtriser sa peur de parler en public, il suffit d’apprendre à remettre ce petit con d’Ego à sa place ! Ce n’est pas à lui de nous dicter ce que nous devons ressentir face au public. Parce que c’est très désagréable pour nous comme pour le public, inapproprié car cela ne fait que dégrader la qualité de la présentation, et même contre-productif car il risque de saboter notre volonté de progresser.

C’est le secret. Pour perdre notre peur de présenter en public, nous allons arrêter de focaliser notre attention sur notre Ego car c’est lui qui nous fait percevoir le public comme notre ennemi et nous impose toutes ces réactions inappropriées (se défendre, fuir ou faire le mort). Et lorsque nous arrêtons de l’écouter nous pouvons alors changer notre relation entre nous et le public, adopter une posture d’échange au lieu d’une posture de conflit. Restent la peur de l’échec qui pourra être maîtrisée en se préparant bien, et la peur de l’inconnu, qui pourra être maîtrisée en apprenant à se focaliser sur l’instant présent et sur les actions possibles.

Comment arrêter de subir notre Ego ? Pour cela nous devons d’abord le démasquer, apprendre à reconnaître les artifices qu’il met en œuvre pour nous diriger sans jamais se montrer. C’est ce que nous verrons dans la deuxième partie de cet article.