Quelle est la différence entre un mauvais slide et un sac poubelle ? Réponse : y en a pas. On les remplit au maximum, et quand ils sont pleins on écrase tout pour les remplir encore plus.
Bon, il n’y a pas que les consultants qui ont ce travers. J’ai mis ça juste pour avoir plus de clics. Ce qui est intéressant, c’est de se demander pourquoi. Quelle est l’origine de ce réflexe quasi reptilien qui nous pousse à remplir les slides au maximum ? Pourquoi cette peur du vide ?
À mon avis (et c’est juste mon avis, je ne pense pas qu’il y ait eu d’études sur le sujet), nous ne faisons que reproduire ce que nous avons appris à faire à l’école. L’école nous a appris à avoir peur de la page blanche. L’école nous a appris à préférer la quantité sur la qualité. Personnellement, j’ai vite réalisé que les bons élèves, ceux qui avaient des meilleures notes que moi, rendaient des copies qui étaient systématiquement plus longues que les miennes.
Faire long, dense et exhaustif est payant à l’école (et, m’a-t-on dit, en SEO). On démontre l’étendue son savoir, que l’on a bien appris la leçon. Et on sécurise sa note. Faire concis et aller à l’essentiel, c’est au contraire prendre un risque. En a-t-on mis assez ? Le professeur (qui n’a sûrement pas envie de se taper des copies qui n’en finissent pas) va-t-il trouver ma réponse suffisante ? Face à ce dilemme, le choix est vite fait : il faut écrire le plus possible.
Et pourtant, être capable de donner une réponse complète et concise demande un vrai savoir-faire, mais qui n’est pratiquement jamais valorisé à l’école. Face au slide, nous ne faisons que reproduire ce comportement. Nous essayons de réduire le risque perçu, l’incertitude, notre peur de l’inconnu en remplissant le slide jusqu’à ce qu’il soit plein à craquer. En oubliant de nous demander ce qui est réellement utile et essentiel. Et ce faisant nous rendons notre présentation plus difficile à lire, plus confuse et nous en réduisons l’impact.
Alors, arrêtons de remplir chaque millimètre carré de nos slides. Mettons le savoir-faire en lumière en ne mettant que l’essentiel. Supprimons les détails superflus et illisibles qui n’apportent rien. N’ajoutons pas d’images juste pour remplir l’espace vide. Ce sont les clients qui nous diront merci.