Pierre Morsa

ce bon vieux blog

Réflexions de comptoir

Les catégories de produits tous pourris

J’ai toujours ma première guitare électrique, une Squier Bullet. Je l’avais achetée d’occasion, à un ami, dans les années 90. À l’époque, Squier était la marque « bas de gamme » de Fender. C’est toujours le car, mais il y a une différence majeure : aujourd’hui une Squier est une bonne guitare (d’entrée de gamme). Dans les années 90, elles étaient vraiment de piètre qualité. D’ailleurs, à l’époque, il était pratiquement impossible d’acheter une guitare d’entrée de gamme correcte : les guitares d’entrée de gamme faisaient partie de ce genre de catégorie de produits où tous les produits sont pourris. Les guitares de milieu de gamme et même de haut de gamme ne valaient d’ailleurs pas toujours mieux.

En plus de 20 ans, la situation a complètement changé. Aujourd’hui, l’exception est de tomber sur une guitare vraiment mauvaise. Pourquoi ? Parce que les fabricants ont compris que vendre de mauvaises guitares pas chères, cela dévalorisait leur marque. Les progrès techniques en matière de production, comme les machines à commande numérique, ont permis de produire des modèles de qualité à moindre coût. Et il y a probablement d’autres facteurs que j’ignore. À l’inverse, le fait de proposer de bonnes guitares pas cher ne cannibalise pas le haut de gamme, car les amateurs de guitares seront toujours prêts à payer plus pour avoir la marque Fender ou Gibson, des bois nobles et d’autres éléments de valeur perçue.

Pourtant, il continue d’exister des catégories de produits tous pourris. Le premier exemple qui me vient en tête est le marché des webcams. N’importe quel smartphone bas de gamme offre une meilleure qualité d’image que la meilleure webcam du marché. Logitech, Razer, Elgato, aucun de ces fabricants ne propose de produit particulièrement bon. Pourquoi ? Je n’en sais rien, seuls les intéressés connaissent la réponse. Toujours est-il que je regrette d’avoir acheté une Logitech Brio. La qualité ne justifie pas du tout la différence de prix par rapport à une webcam d’entrée de gamme.

Une autre catégorie de produits tous pourris est le marché des oreillettes Bluetooth : la qualité audio des appels avec une oreillette Bluetooth n’est vraiment pas terrible. Est-ce dû au désir de rendre le design le plus compact possible ? À la volonté d’utiliser le micro le moins cher possible ? À la contrainte du placement du micro ? Je ne sais pas, mais après en avoir utilisé et jeté plusieurs modèles, j’ai fini par abandonner l’idée d’utiliser une oreillette Bluetooth pour faire des appels téléphoniques. Même les marques comme Shure proposaient une qualité d’appel vraiment pas top. J’avoue cependant n’avoir jamais essayé les écouteurs sans fil plus récents comme les Airpods.

Aujourd’hui je me dis que j’achèterais bien une machine à espresso, mais au vu de mon expérience je me dis la même chose : ça va encore être une catégorie de produits tous pourris, et même un modèle haut de gamme va rendre l’âme après 1 ou 2 ans. Du coup ma solution est simple : ne pas acheter, ou alors acheter un modèle pas cher car, quel que soit le prix, l’expérience sera décevante.

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Le problème du choix de la créativité

On voit aujourd’hui beaucoup de personnes vanter les bienfaits de la créativité en entreprise. À en croire les « motivational speakers », cela aurait le pouvoir de faire gagner le grand prix de Vincennes à un cheval mort.

Mais dans la vraie vie, faire le choix de la créativité est aussi un choix très risqué. Dans les métiers créatifs, l’écart de revenu est énorme. Pour un Philippe Starck ou un Jonathan Ive, combien de designers sont sous-payés, sous-employés ou ont dû renoncer au métier qu’ils voulaient faire ? Une toute petite poignée de personnes gagne énormément d’argent alors qu’une grande majorité vit bien plus chichement. Et pour les freelances, c’est souvent avec l’incertitude de ce qui se passera demain.

C’est vrai dans la musique, les œuvres d’art, le cinéma. Mais c’est également vrai dans les entreprises : pour des milliers d’inventions, seules quelques-unes finissent par rapporter beaucoup d’argent.

À l’inverse, les métiers « non créatifs » sont plus sûrs. Il faut avoir zéro créativité pour faire un MBA, mais le chemin de carrière est bien plus sécurisé.

Alors, comment trouver le bon équilibre entre créativité et sécurité ? Pour moi, un élément de réponse se trouve dans le fait de ne pas tout miser sur la créativité, mais de la combiner à d’autres compétences plus simples à vendre. Par exemple, dans mon cas, je ne suis pas le meilleur designer graphique de présentations du monde, mais j’associe cette compétence créative à mon expérience de consultant et ma capacité d’analyse, ce qui donne bien plus de pertinence à la mise en forme des informations. Ces deux compétences combinées rendent ma « créativité » plus utile.

Comme toujours, la chance joue aussi un rôle. Mais je suis persuadé qu’il est plus facile de percer ou d’avoir du travail lorsqu’on ne mise pas tout sur la créativité seule.

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Et maintenant, c’est clair ?

  • « On va quitter l’Europe et être plus forts ! »
  • « On va quitter l’OTAN, seul on sera plus fort ! »
  • « Les Russes n’attaqueront jamais l’Ukraine ! »

Les candidats qui ont dit ça sont tellement idiots qu’ils n’ont même pas imaginé une seconde que, ben si, la Russie pouvait très bien attaquer l’Ukraine, et que ces déclarations pouvaient se retourner contre eux.

Est-ce qu’ils assument ? Non, évidemment. Ils retournent leur veste, mais du coup on voit la crasse accumulée à l’intérieur. Ils condamnent l’attaque. Ils essaient malgré tout d’en rejeter la faute sur l’OTAN, sur l’Europe, les États-Unis, tout est bon pour ne pas admettre la réalité : que leur idéologie mène toujours à la guerre et à la destruction.

La réalité, c’est que l’Europe et l’OTAN, c’est ce qui a protégé nos pays et les a maintenus en paix pendant des décennies. L’Europe est imparfaite, lente, bureaucratique, mais elle résout les conflits entre États membres dans les tribunaux, pas sur le champ de bataille. L’OTAN, dont personne ne savait plus quoi faire, a retrouvé toute sa raison d’être. Et pour ceux qui ont encore des doutes, allez demander aux Polonais s’ils ont envie de quitter l’Europe et l’OTAN aujourd’hui.

Alors, c’est clair maintenant ? Les candidats qui rêvent d’une France isolée et autiste, coupée du monde, ceux-là nous emmènent tout droit vers la catastrophe, portés par les belles paroles sur leurs lèvres déformées par la haine. Et ceux qui aident ces personnes à diffuser leurs idées sont des complices directs du crime.

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Le paradoxe Dropbox

Au départ, Dropbox était un système pour pouvoir synchroniser ses fichiers entre plusieurs ordinateurs. Cela peut sembler ridicule à l’heure du cloud, mais à l’époque cette idée n’avait jamais été implémentée de manière aussi réussie.

Au fil du temps, Dropbox a ajouté de plus en plus de fonctionnalités. Pour eux, cela était probablement une évidence : pour survivre face à des concurrents qui en proposent plus pour moins cher, comme Office, il fallait en offrir toujours plus.

Mais au final, le client Dropbox est devenu une vraie plaie : lent, gourmand en mémoire, ergonomie en baisse à chaque nouvel ajout de fonctionnalité dont je n’ai pas besoin.

Au final, en faire toujours plus, c’est pas toujours mieux. Dropbox aurait pu sans problème ajouter des fonctionnalités, mais ils auraient dû le faire sans sacrifier la légèreté et l’efficacité de l’app d’origine.

Pour les personnes qui cherchent une alternative au client Dropbox officiel, il existe Maestral et rclone (j’utilise rclone, mais il faut avoir le cœur geek et bien accroché).

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La planète va se réchauffer

Les efforts comme la COP 26 pour combattre le changement climatique et le réchauffement de la planète sont louables, mais ne vaudrait-il pas mieux reconnaître dès aujourd’hui que le combat contre le réchauffement de la planète est impossible à gagner avec une stratégie de réduction ? Et ce pour une raison toute simple : nous, humains, sommes câblés pour rechercher la croissance et éviter la décroissance.

Il suffit de regarder à quel point la notion même de décroissance suscite un rejet massif de la part de l’opinion publique ; à l’inverse, la croissance du PIB, quelle qu’en soit l’origine, est toujours vue comme une bonne chose. Acheter une plus petite voiture que sa voiture précédente (ou pire, que celle du voisin) est vu comme une régression par tant de personnes. Notre société nous a conditionnés à vouloir toujours plus de biens matériels, à partir toujours plus loin en vacances, à avoir des maisons toujours plus grandes. D’ailleurs, le fonctionnement même de notre société capitaliste ne peut survivre sans croissance.

Alors il serait peut-être temps pour nous de regarder la réalité en face : jamais une promesse faite à la COP 26 ne tiendra face au mécontentement de l’opinion publique ou face à une crise économique. Jamais nous n’arrêterons de brûler du pétrole. Il est temps maintenant de passer au plan B : comment se préparer à faire face au changement climatique ?

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